Robert Coudray, l’enchanteur

Robert se présente souvent comme un « diplômé des hautes études buissonnières, sponsorisé par la fée des décharges, cinéaste de formation, tailleur de pierres par tradition, récupérateur par fascination, sculpteur par passion et éveilleur par mission ».

Né en 1954 à Lizio dans une famille d’entrepreneurs qui fait carrière dans l’exploitation de pierres, il bricole à 9 ans sa première télévision à partir d’une caisse à savon, avec un trou dans le fond, un bout de manche à balai et des photos de journaux liées les unes aux autres par de la colle à la farine. A l’école on le surnomme le « brise-fer » en raison de son incapacité à conserver un jouet en état de marche plus de trois jours. C’est plus fort que lui, il a besoin de démonter les pièces et de comprendre les dessous de fabrication. Il est la risée de ses camarades de classe parce qu’il ne joue ni au foot ni aux billes. Il préfère s’amuser avec les pierres, les branches et les fougères avec lesquelles il construit ses cabanes.

A 11 ans, il se rêve en coureur cycliste mais une fracture à la clavicule met un coup d’arrêt à ses ambitions professionnelles. Il se tourne alors vers une école de curé pour devenir prêtre comme son oncle et se rapprocher de Jésus, un personnage qu’il admire et qui l’inspire depuis toujours. Mais il est renvoyé… pour insurrection.

A 20 ans, il quitte sa Bretagne pour se former dans une école de cinéma à Paris et suivre les traces de son idole Claude Lelouch qui a déclenché sa nouvelle vocation. « J’ai vu un article de presse sur lui. J’ai été bouleversé par l’histoire de ce mec qui va au bout de ses tripes et qui se bat pour ses rêves quitte à tout perdre ». De retour dans son pays natal, il met de côté ses ambitions artistiques « pour pouvoir bouffer » tout simplement. Il devient alors tailleur de pierre, paysan, carnavalier, professeur de technologie, crêpier, gérant d’une coopérative bio puis cidrier. Mais Robert n’a jamais tiré un trait sur la création. En 1995, il lâche sa cidrerie qui tourne pourtant très bien pour se consacrer exclusivement à son musée qu’il baptise « l’univers du poète ferrailleur ». Un lieu dans lequel il anime des automates et des machines extravagantes qu’il fabrique à partir d’objets de récupération. Un espace de deux hectares sur lequel il élève des tours et des cabanes perchées et qu’il compare à un tableau. « Je mettrais peut-être toute une vie à le réaliser ». C’est là-bas qu’il accouche de ses nouveaux projets artistiques : la réalisation d’un premier long-métrage autoproduit puis d’un second long- métrage, l’écriture de poèmes…